Québec, le 24 mai 2022 – Le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, ainsi que le député de Matane-Matapédia et porte-parole en matière de langue française, Pascal Bérubé, ont annoncé ce matin que le Parti Québécois votera contre l’adoption du projet de loi no 96. « Le projet de loi no 96 n’est pas une suite digne de la loi 101 du Parti Québécois de 1977; c’est plutôt la répétition de la loi 22 du Parti libéral de 1974. En 1974, les députés du Parti Québécois ont voté contre la loi 22 parce qu’elle offrait un compromis bancal plutôt que des mesures proportionnelles aux défis auxquels notre langue est confrontée. En 2022, la CAQ va commettre la même erreur. Elle a manqué de courage face au défi. Force est de constater que l’aile fédéraliste de la CAQ a remporté le débat sur la langue; le français, lui, va perdre », s’est exclamé d’emblée Pascal Bérubé.
EN BREF
– Dès le premier jour, le Parti Québécois a dénoncé haut et fort, aux côtés de nombreux experts et acteurs de la société civile, la mollesse du projet de loi no 96, une pièce législative sans aucune cible ni aucun objectif.
– À moins que le gouvernement trouve in extremis un moyen de bonifier son projet de loi, le Parti Québécois annonce qu’il votera contre lors de son adoption.
– Pour le Parti Québécois, il y a cinq conditions essentielles au renversement du déclin du français et qui sont donc des sine qua non à notre aval: l’application de la loi 101 au cégep, la modification du statut des municipalités bilingues, une immigration économique 100 % francophone, des mesures de renforcement de la culture et, surtout, se doter de cibles mesurables.
Du début à la fin, le projet de loi no 96 a déçu unanimement les spécialistes, individus et organismes impliqués dans la protection du français. « C’est notre devoir de dire la vérité aux Québécois : de l’avis de tous les experts entendus en commission parlementaire, il n’y a rien là-dedans qui permettra de freiner le déclin de notre langue nationale. Au lendemain de la Journée nationale des patriotes, le geste patriotique à faire, c’est de rappeler aux Québécois qu’ils ne sont pas obligés de se contenter du déclin, qu’ils ont droit à leur pérennité linguistique et culturelle. C’est ce que le Parti Québécois de mon prédécesseur René Lévesque a fait, devant le Bill 22 : il a voté contre. Sans ce sens du devoir et de la vérité, la loi 101 n’aurait jamais vu le jour. Nous ne pouvons nous résigner à cautionner cette loi nettement incomplète, car notre caution contribuerait à berner les Québécois sur la véritable nature de ce projet de loi et donnerait un faux sentiment de confort, alors qu’il y a toujours péril en la demeure. C’est ce que les experts nous disent; il faut écouter et donner l’heure juste », a déclaré Paul St-Pierre Plamondon. En sus du caractère incomplet de la loi, le chef du Parti Québécois déplore également le grand nombre de mesures administratives qui compliqueront la vie des citoyens. « C’est comme si à défaut d’avoir le courage de mettre en place les mesures structurantes qui garantissent l’avenir du français, la CAQ s’est lancée dans un dédale de mesures administratives qui nuiront inutilement. »
Pourtant, la CAQ a continué de garder ses œillères durant l’étude du projet de loi no 96, alors qu’il aurait pu être grandement bonifié. « La CAQ s’est refusée à mettre en place des mesures qui auraient clairement changé les choses; en premier lieu, l’application de la loi 101 au cégep. Les experts, de nombreux acteurs de la société civile, incluant le grand sociologue Guy Rocher, et les syndicats de 32 cégeps sont derrière nous pour faire appliquer la loi 101 au réseau collégial. Dans l’état des choses, c’est la mesure à prendre, alors que les portes des cégeps anglophones sont grand ouvertes et que ces établissements accueillent chaque année plus d’étudiants francophones – 25 % – et allophones – 40 % – que d’étudiants anglophones – 35 %. Ce sont des milliers de jeunes qui s’anglicisent chaque année et qui, selon une étude récente de Statistique Canada, multiplient leurs chances de travailler en anglais par six ou sept fois par la suite », a ajouté Pascal Bérubé, en précisant qu’il avait déposé cet amendement à deux reprises lors de l’étude du projet de loi.
Rappelons que le Parti Québécois a déposé, dans la même année, le Plan d’urgence pour la langue française ainsi qu’un projet de loi qui permettrait non seulement de réellement freiner le déclin, mais aussi de le renverser en dix ans avec des objectifs mesurables. « En plus de l’application de la loi 101 au cégep, la CAQ se refuse à toute mesure réellement structurante pour la protection du français en n’abordant pas avec sérieux les questions de l’immigration, de la culture, de la langue du travail et du statut bilingue des municipalités. Le Parti Québécois avait proposé entre autres de mettre en place une immigration économique 100 % francophone, de revoir le statut bilingue des municipalités comptant moins de 33 % de leurs résidents ayant l’anglais comme langue maternelle, en plus de mettre en avant la culture comme vecteur de promotion avec la mise en place du Bureau de promotion du contenu québécois. Toutes ces mesures sont pour nous des conditions sine qua non sans lesquelles nous ne pouvons donner notre consentement à ce projet de loi », a poursuivi le député de Matane-Matapédia.
Un vote pour ce projet de loi ressemblerait en tous points à consentir tout bonnement au déclin de notre langue et de notre culture et c’est impensable, selon le chef du Parti Québécois. « À moins que la CAQ trouve in extremis un moyen de bonifier le projet de loi avec nos cinq demandes structurantes et essentielles, nous sommes dans l’obligation de voter de manière à éclairer la population sur la véritable nature du projet de loi no 96, par souci d’intégrité vis-à-vis l’avenir du français également. La vérité est que par son inaction, par son insuffisance, la CAQ nous convie à notre anglicisation et au déclin de notre langue commune, tout en nous laissant croire le contraire. La protection du français demande d’aller au-delà des sondages et de la gestion à courte vue : ça demande du vrai courage, comme nos prédécesseurs au Parti Québécois en ont eu. Je pense à René Lévesque, à Camille Laurin et, comme eux, je veux laisser à mes enfants un Québec français et confiant de le demeurer », a conclu Paul St-Pierre Plamondon.
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SOURCE :
Laura Chouinard-Thuly
Attachée de presse
Aile parlementaire du Parti Québécois
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