C’est avec stupéfaction que j’ai pris connaissance, le 18 octobre dernier, d’un article relatant les manœuvres (et la fierté!) de l’ex-président de Telus, Don Lowry, pour faire obstacle à un processus pourtant légitime et fondamental: la tenue d’un référendum démocratique.
On apprend, à la lecture de cet article, que M. Lowry ne regrette pas d’avoir contourné les règles et saboté la démocratie, car il l’a fait au nom de l’unité canadienne. Il avoue entre autres – sans gêne, presque triomphalement! – avoir contourné la loi électorale en offrant un remboursement aux personnes effectuant un appel interurbain et en plaçant les centres d’appels à l’extérieur du Québec.
Or, nous aurions tort de croire qu’il s’agit d’un cas isolé. Redisons-le: le référendum de 1995 sur l’avenir politique du Québec a été gagné par le camp du NON au moyen de stratagèmes malhonnêtes et frauduleux. En fait, les preuves montrant que le camp du NON a volontairement tenté de saboter la démocratie et de corrompre le résultat électoral sont accablantes.
Sur le plan du financement, le DGEQ a établi hors de tout doute qu’en 1995, le camp du NON avait profité illégalement de 539 000$ provenant du fédéral. Puis, dans l’ouvrage L’État Desmarais, l’auteur cite une source affirmant que 30 boîtes de documents sur le financement du camp du NON ont été détruites. Le gouvernement de Jean Chrétien a même créé un organisme bidon, Option Canada, doté d’une enveloppe de près de 5 M$, ce qui correspond en fait au plafond des dépenses autorisées pour chacun des camps.
Puis, une vedette de la commission Gomery, «Chuck» Guité, a admis avoir acheté pour 8 M$ de panneaux publicitaires promouvant l’option du NON. À moindre échelle, l’organisateur libéral Gilles Cloutier a avoué devant la commission Charbonneau avoir utilisé des techniques semblables. Il payait comptant.
Le triste et célèbre love-in s’étant tenu à Montréal a aussi été commandité: VIA Rail, Air Canada et le CP, notamment, ont offert d’alléchants rabais aux Canadiens souhaitant y assister. Enfin, rappelons-nous le nombre record de certificats de citoyenneté accordés par le fédéral depuis l’élection du Parti Québécois en 1994 (+ 84% en deux ans!), et le vote illégal de dizaines, voire de centaines d’étudiants ne résidant même pas au Québec.
C’est cette culture de corruption de nos institutions qui a été léguée en héritage aux générations de Québécois qui ont dû composer avec l’après-référendum de 1995. Ce sont alors les acteurs du camp du NON, Jean Charest en tête, qui ont pris le pouvoir au Québec, mettant en œuvre les mêmes stratagèmes douteux pour couper l’oxygène à notre projet d’indépendance et garder le Québec sous le contrôle du Canada.
L’ère Charest-Couillard (de 2003 à 2018) aura été caractérisée par l’affaiblissement de nos institutions, une corruption généralisée découverte notamment durant les commissions Gomery, Charbonneau et Bastarache, et par l’affaiblissement calculé de l’estime de soi des Québécois qui, aux yeux du reste du Canada, allaient désormais être considérés comme des corrompus – souvenons-nous du Bonhomme Carnaval se sauvant avec des valises d’argent à la une du Maclean’s.
Le bilan de cette gouvernance fédéraliste est très triste: le Québec est sur un déclin linguistique, culturel et économique depuis. Les seuls à avoir profité de cette corruption de nos institutions et de nos processus démocratiques, ce sont les amis du régime fédéral, comme ceux que l’on a découverts à titre de témoins à la commission Gomery et qui, tout comme Don Lowry, ont témoigné avec tout le sérieux du monde qu’ils considéraient que leurs gestes illégaux étaient non seulement acceptables dans les circonstances, mais qui plus est sources de fierté.
Il est temps de se lever et d’affirmer que de tels gestes illégaux sont inacceptables. Il faut se battre contre la normalisation sociale de la corruption, une attitude lui permettant de perdurer à travers l’impunité et les marques de reconnaissance sociale. Il est temps que ceux qui se battent pour la liberté des Québécois et pour une démocratie exempte de corruption soient ceux qui parlent de fierté, et que ceux qui affaiblissent le Québec et les fondements de la démocratie soient traités pour ce qu’ils sont véritablement: des corrompus.